Portrait : Jean-Luc Gimonnet


22 avril 2017

Nous arrivons sur la côte des blancs au printemps. Il a encore gelé cette nuit et la brume matinale promet le soleil. La petite tour carrée de l’église fait le guet depuis bientôt 10 siècles sur la hauteur du village silencieux.
Nous traversons le porche en voiture pour nous garer dans la cour. L’endroit est impeccable. Tout autour, de hautes portes en bois abritent les dépendances. Depuis le début du XIX ème, dans chacune d’elles se succèdent les différentes étapes qui délivrent le vin de champagne. Sur une galerie au dessus d’un hangar, des objets et des outils anciens font leur travail de mémoire. Les observer nous fait lever la tête vers le ciel bleu.

 

 

Jean-Luc Gimonnet nous offre le café dans son bureau en compagnie de sa collaboratrice Isabelle. Elle le seconde dans les tâches administratives. Les dossiers sont nombreux et rappellent combien le travail de la terre produit également de papiers. Ensuite, nous prenons le chemin des vignes. Jean-Luc nous présente son véhicule qui sert à tout. Il faut pouvoir traverser la France pour aller aux salons et accéder aux chemins difficiles de tout temps, tous les jours. Il est aussi fier de son paysage que de sa terre. Les deux sont liés. Sur les chemins de vigne, la craie nous renvoie sa blancheur. Aujourd’hui elle capte une lumière franche qui fera mûrir le raisin dans quelques mois. Nous passons devant une falaise de calcaire. C’est un promontoire surmonté d’arbres. Il ajoute sa verticalité à l’alignement des piquets de vignes encore sans feuilles.

 

Les parcelles de Jean Luc Gimonnet le représentent. Il n’est pas facile de parler de soi. Il nous explique comment il attache sa vigne de façon à moins se baisser. Il est important de faire attention au dos des ouvriers. C’est lui qui a réfléchi à ce système de liens. Il est attentif aux gens qui travaillent à ses côtés. Ils évoque ceux qu’il a formés, qui un jour ont fondée leur propre maison. Tout autant qu’aux hommes, il est attentif à la nature. Elle seule décide. L’herbe verte aux pieds des vignes pousse drue grâce aux nouvelles pratiques écologiques. Moins de désherbants c’est préférable, on en met seulement sous les pieds des vignes où il est plus difficile de nettoyer. L’expression de Jean-Luc devient sérieuse quand il résume son métier qui est toute sa vie depuis deux générations. Les conditions météorologiques peuvent tout détruire ou donner une année exceptionnelle. Il résume sa passion avec humilité. La nature reprend toujours ses droits dit-il, on vit avec la nature. Sans ce regard qui scrute les grappes en devenir, ces paroles n’auraient que l’impact d’une phrase répétée. Ne jamais oublier que ce n’est jamais acquis.

Les champagnes Jean Gimonnet

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